Le sexe se réinvente. Avec cette révolution, les pratiques se diversifient et se modernisent pour, dans certains cas, s’éloigner de la traditionnelle sexualité phallocentrée. C’est là toute l’idée de la Chasteté Masculine Contrôlée, CMC, dont Damien est adepte depuis plusieurs mois. Lorsque sa compagne lui a présenté une cage de chasteté, il a tout d’abord été quelque peu surpris avant de se prêter au jeu. « Depuis un peu moins d’un an, c’est elle qui contrôle mes orgasmes ».
Pimenter sa vie sexuelle en explorant d’autres moyens que la pénétration pour se faire et faire plaisir. Souvent incomprise, la chasteté masculine contrôlée intrigue et fait, néanmoins, de plus en plus d’adeptes à travers le monde. Damien ne l’avait jamais expérimentée avant que sa compagne ne lui mette sous le nez une cage de chasteté. « Elle m’a pris au dépourvu. Elle aime depuis toujours les jeux de rôles, qui pimentent la vie sexuelle. On a déjà de nombreux sextoys, y compris des attaches pour le lit. Un jour, elle est arrivée avec cette cage de chasteté, sans m’en parler au préalable, et m’a expliqué qu’elle voulait essayer ce nouveau jeu », nous confie le jeune trentenaire, en couple depuis huit ans.
Pénis emprisonné
L’objet en question est un dispositif utilisé pour emprisonner le pénis, rendant ainsi l’érection impossible. « C’est une cage en résine dans lequel on glisse le pénis. Il y a un anneau qui entoure la base du pénis et le scrotum. Le tout est alors verrouillé avec une petite serrure. Ma compagne en possède la clé en permanence, même lors de ses déplacements. Et dans ses jeux de teasing (taquinerie), elle m’envoie des photos d’elle avec la clé autour de son cou. »
La cage de chasteté permet une forme d’échange de contrôle entre les partenaires. Parfois, elle est utilisée dans le cas des jeux de domination/soumission, comme nous l’explique Maylis Castet, sexologue. « Lorsque la partenaire a la clé, elle prend le contrôle du plaisir du porteur de la cage. Celui-ci s’en remet donc entièrement à la volonté de l’autre ».
Ce que recherchent les couples avec cette pratique ? Au-delà du contrôle du plaisir, les adeptes mettent souvent en avant une sexualité moins, voire plus du tout, phallocentrée. « On peut avancer une recherche de jeu, de frustration, de contrôle, de calmer une jalousie envahissante, mais surtout de contact. Certains témoignages mettent en avant un état amoureux et davantage câlin retrouvé avec le port du dit objet », ajoute l’experte.
Pour Damien, la cage de chasteté qu’il porte a essentiellement un impact sur son désir. « J’ai tout le temps envie d’elle. Comme on est en permanence un peu excité, on pense toujours à sa partenaire et à l’envie de lui faire l’amour. Il y a donc un désir en permanence. Et de son côté, il est évident qu’elle aime ce contrôle ».
Pénis libéré
Le jeune homme ajoute que sa compagne le libère de la cage lorsqu’il l’a mérité. C’est-à-dire lorsqu’il s’est « concentré sur son plaisir à elle pendant des jours et des semaines. » Damien ne le nie pas, cette pratique sexuelle s’avère pesante par moments. « Mais ça fait partie du jeu. Le fait de ne pas savoir quand elle va être retirée, ajoute évidemment du piment, et bien sûr, il y a des moments où j’ai super envie… Et cela l’amuse de me refuser. »
Se demander si cette nécessité de contrôle traduit un mal-être ou un besoin inassouvi semble être légitime. La sexualité permet l’exploration de sensations et d’émotions qui sont parfois bridées dans notre quotidien, comme le souligne Maylis. « Quand nous subissons de nombreuses pressions dans la vie quotidienne, le sexe peut être un terrain de lâcher prise. Les adeptes à la chasteté affectionnent de ne pas avoir à décider, de se lâcher la grappe sur cette pression. Un homme a souvent un problème de stress, d’anxiété souvent lié à la performance sexuelle. S’il se fout la paix, qu’il n’a plus rien à prouver, il peut libérer son esprit pour autre chose. La cage le libère du diktat de la virilité qu’est la bandaison. Et puis, la pratique de la cage de chasteté, c’est une façon de confier son problème à sa partenaire. Quelque part, ce n’est plus son affaire. Cependant, il faut veiller à ce que cela ne devienne pas un poids sur les épaules de la femme. »
La règle universelle
Comment éviter toute forme de dérives ? Pour notre sexologue, il y a une règle universelle en termes de pratique sexuelle à respecter : le consentement et le respect. Pour notre experte, il n’est toutefois pas nécessaire de porter une cage de chasteté pour se décentrer de la pénétration et se pencher davantage sur le plaisir de l’autre. « La cage est un accessoire, un symbole et le meilleur outil reste la communication. Néanmoins, certains couples sacralisent la cage en en faisant un symbole de leur engagement mutuel. Un symbole inviolable. »
À en croire son témoignage, Damien semble apprécier l’expérience et ne se considère pas soumis à sa chère et tendre, malgré ce dispositif. « Elle reste à l’écoute. Bien sûr, si ça ne va plus du tout, on en discute. Ce n’est pas quelque chose de malsain, et ça reste dans le cadre du jeu. Certes, il y a des moments de contrainte, mais qui font partie de ce jeu. »
Et côté santé ?
Une contrainte qui le suit jusqu’aux petits coins ? « Je porte la cage en permanence, sauf aux moments où ma compagne décide de me libérer. La conception aérée me permet de me laver sans problème, et aussi d’aller aux toilettes. Il suffit de bien viser, mais le plus simple reste de s’asseoir », plaisante-t-il.
De son côté, notre spécialiste se montre rassurante. « Un homme peut tenir toute sa vie s’il possède un modèle qui permet une bonne hygiène. Des gens s’imaginent que si on n’expulse pas régulièrement le sperme, c’est un problème, mais ce n’est pas fondé. Le corps l’évacue de lui-même. La seule question de santé, c’est qu’avec l’absence d’érection les corps caverneux pourraient perdre leur élasticité et créer des troubles érectiles. Pour le reste, aucune étude scientifique ne permet d’affirmer qu’un port prolongé est risqué.
Hormis la chasteté masculine contrôlée, il existe de nombreuses pratiques sexuelles à explorer lorsqu’on souhaite pimenter sa vie sexuelle. Toutefois, il n’est pas toujours aisé d’aborder le sujet en couple sans avoir peur d’effrayer l’autre. « Pourquoi ne pas parler de son envie d’essayer en montrant un article comme celui-ci et en demandant à sa partenaire son avis sur la question ? Après tout, le port de la cage de chasteté n’est qu’un jeu érotique. Inutile d’en faire toute une histoire. Néanmoins, comme toute pratique, elle requiert un cadre : consentement, respect et communication. Ces trois notions sont sécurisantes et amènent une confiance entre les partenaires », insiste Maylis, avant de conclure : « Si vous souhaitez approfondir votre pratique par la suite, cela est une décision à prendre en couple. »