À l’occasion de la journée mondiale de l’orgasme, le 21 décembre, l’IFOP s’est intéressé à l’orgasme féminin. Les conclusions de l’enquête soulignent des activités sexuelles trop « phallocentrées » et « les difficultés d’accès des femmes à l’orgasme ».
Peut-on comparer la sexualité des femmes selon leur pays d’origine ? À cette question surprenant l’IFOP répond “OUI”1, sans hésitation. L’institut a interrogé 8061 femmes européennes et nord-américaines, représentatives de la population féminine âgée de 18 ans et plus. Et les résultats dévoilés sont riches d’enseignements, notamment car la France s’y distingue particulièrement.
Les difficultés à atteindre l’orgasme féminin
L’enquête nous apprend que presque la moitié des Françaises (49 %) rencontre “assez régulièrement” des difficultés à jouir. Une Française sur trois a un orgasme hebdomadaire, la plus faible fréquence observée dans le sondage. Un point rassurant, elles sont 93 % à répondre qu’elles ont déjà atteint l’orgasme avec leur partenaire actuel.
Simulation de l’orgasme féminin
Ces difficultés à jouir poussent une majorité de femmes à simuler régulièrement l’orgasme avec leur partenaire. Elles sont 62 % à reconnaître avoir déjà simulé avec un partenaire. Parmi les femmes en couple, 56 % admettent avoir déjà simulé avec leur partenaire actuel. L’institut de sondage met en évidence un problème de « franchise » au sein du couple.
Orgasme féminin et sexualité de couple
Si les Françaises en couple ont en général une sexualité plus épanouie que les célibataires. Cependant, elles semblent souffrir plus qu’ailleurs d’une certaine frustration lors de leurs ébats. C’est en France que la proportion de femmes ayant « souvent » joui avec un partenaire au cours de leur vie est la plus faible : 52 % soit un taux très en deçà de celui mesuré par exemple chez leurs voisines latines (69 % en Italie, 67 % en Espagne) ou américaines (ex. : 64 % aux États-Unis). Moins de la moitié des Françaises actuellement en couple (46 %) jouissent au moins une fois par semaine. Soit nettement moins que les Néerlandaises (58 %) ou les habitantes des pays du Sud de l’Europe ou du Nord de l’Amérique.
L’accès à l’orgasme féminin freiné par une sexualité trop « phallocentré »
L’institut s’intéresse ensuite aux pratiques elles-mêmes et note une spécificité chez nous. Les Françaises sont championnes de la pénétration : 82 % la pratiquent “souvent”. Or, elles ne sont que 26 % à déclarer jouir “très facilement” grâce à une pénétration vaginale. Cherchez l’erreur… Dommage, surtout quand on constate que 77 % des femmes parviennent “assez facilement” à jouir avec une double stimulation (vaginale et clitoridienne). Pourtant, elles ne sont qu’une sur trois à se caresser le clitoris durant la pénétration.
Résumer les relations à la pénétration vaginale est en définitive une façon de pérenniser la hiérarchie des rapports sexuels. La pénétration reste ce qui détermine le « vrai » rapport sexuel. Le reste n’étant au final qu’un concentré de préliminaires qui ne caractérise pas l’échange érotique.
Pourtant les couples sont les grands perdants de cette vision totalement « phallocentré » du sexe et de l’orgasme féminin. Les hommes semblent aujourd’hui parfaitement enclins à prendre en compte d’autres façons de jouir et de partager le plaisir. Le pénis n’est pas la formule magique pour l’orgasme féminin, les femmes peuvent jouir autrement.
Peu de masturbation, des difficultés avec le cunnilingus
Malgré une pratique jugée efficace pour atteindre l’orgasme féminin, la masturbation n’est pas fréquente. 54 % des Françaises s’y adonnent “assez régulièrement”, contre près des trois quarts des Néerlandaises. Enfin, il semble qu’en France certaines pratiques, comme les caresses de la vulve avec la main, ou la bouche, procurent moins facilement d’orgasmes que dans les autres pays.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Puisque, paradoxe, c’est en France qu’on pratique le plus le cunnilingus. Selon le sondage 39 % des Françaises se font “souvent” lécher le sexe et pourtant c’est dans notre pays que cette caresse est la moins efficace. Seules 29 % des Françaises jouissent aisément de la sorte, soit le taux le plus faible de tous les pays étudiés. La technique des amants français serait-elle à remettre en cause, les femmes n’osent-elles pas les guider ou les deux ?
Qu’enseigne cette enquête ?
La sexualité des Françaises est trop centrée sur le phallus et la pénétration, au détriment des techniques offrant un accès à l’orgasme féminin plus facile. On peut également noter un « classicisme » notoire dans les relations sexuelles et une forte réticente à une « inversion » des rôles. Ce constat fait ainsi écho à certaines thèses selon lesquelles « les positions adoptées s’inscrivent souvent dans des jeux mettant en scène une domination plus qu’une communication équilibrée » entre les sexes, les scripts des fantasmes masculins n’étant pas toujours ajustés à des scénarios impliquant une certaine passivité masculine durant l’acte sexuel.
Ainsi, cette obstination à placer le « pénis tout-puissant » sur un piédestal dessert la qualité des rapports au sein du couple.
La communication, la clé de l’orgasme féminin ?
Mon dernier commentaire sera sur la communication qui est essentielle dans le couple, en sexualité aussi. C’est à vous deux que vous découvrirez comment vous faire encore plus plaisir ! Par exemple, si vous simulez comment voulez-vous qu’il sache ce qui vous fait réellement plaisir ? Si vous n’osez pas demander, comment voulez-vous qu’il devine ?
La diversification du répertoire sexuel est une réalité, les nouvelles technologies, les accessoires coquins ou tout simplement votre imagination seront l’occasion d’explorer et de varier les plaisirs sexuels. Soyez audacieuse, curieuse, malicieuse et taquine. La plupart de nos partenaires ne reculent jamais devant une fantaisie érotique qui émane de leur compagne. D’ailleurs, beaucoup se plaignent du peu d’imagination érotique de leur partenaire.