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Les masturbateurs compulsifs qui tentent de se soigner avec des cages de chasteté


Autrefois incontournable du BDSM, la cage de chasteté masculine s’invite aujourd’hui dans le mouvement r/NoFap

« J’étais surtout inquiet de savoir si cela allait faire mal », explique Florian, un expert-comptable stagiaire de 25 ans. Il fait référence à la cage en acier qu’il porte autour de son pénis 24 heures sur 24 sans interruption depuis huit mois.

Florian, un pseudonyme, se décrit comme un accro du porno. Qui déclare qu’au plus fort de sa dépendance, « je me masturbais au moins quatre fois par jour, parfois plus ». Et pas uniquement chez lui, il se branlait souvent chez des amis, au travail et dans les cafés. Une fois, il s’est même masturbé derrière un buisson dans un parc public. Lorsque sa petite amie a rompu avec lui après un an de relation, il a atteint le fond. « Elle se sentait déconnectée de moi dans notre relation, et dans notre vie sexuelle aussi », explique-t-il. Ajoutant qu’il ne lui a jamais parlé de son besoin compulsif de se masturber. « Je pense qu’elle a eu le sentiment que je n’étais pas attiré par elle. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’excuse “je suis fatigué” ne fonctionne plus ou quand vous n’êtes tout simplement pas capable de faire quoi que ce soit quand vous faites l’amour. »

Dans l’ensemble, la relation n’était pas géniale. « On se disputait beaucoup », dit Florian. « Parfois, c’était à cause du manque d’efforts que je faisais dans notre relation, d’autres fois, c’était à propos de l’avenir, de choses comme le fait d’emménager ensemble. Je ne faisais pas d’effort parce que ma vie me semblait si vide de sens. » Après la rupture, Florian a estimé que s’il voulait remettre sa vie sur les rails, il devait résoudre ses problèmes de masturbation.

L’histoire de Florian n’est pas atypique. Des hommes milléniaux comme lui, des hommes qui ont grandi à l’ère de la pornographie facile d’accès sur Internet, croient souvent qu’ils sont “accros” à la pornographie et à la masturbation. Or il n’y a pas mal de preuves qui suggèrent que cette dépendance n’est pas scientifiquement valable. Pourtant, il existe des centaines de milliers de “NoFappers” en ligne qui tentent soit de restreindre considérablement leurs habitudes de masturbation, soit de les arrêter complètement parce qu’ils croient que c’est précisément ce qui ruine leurs relations (et leur vie).

« Si vous continuez à accumuler des jours sans le faire, un jour de plus sur un autre, tout en retenant ces pulsions pour le porno ou quoi que ce soit d’autre, vous finirez par vous en abstenir », lit-on dans un message typique. Pour se tenir occupé en attendant, les membres du reddit “NoFap”, ainsi que des centaines de vidéos YouTube, suggèrent d’adopter un entraînement cardio-intensif qui permet de réduire l’accumulation de testostérone et d’utiliser des applications de suivi et des calendriers pour fixer des objectifs d’abstinence.

La stratégie de Florian : « J’ai installé un logiciel qui était censé bloquer toutes les pages internet qui contenaient du porno. C’était assez extrême, au moment où j’ai commencé à filtrer, les seuls sites accessibles étaient destinés aux enfants. J’étais obligé de le désactiver pour lire mes mails ou suivre mon compte bancaire, même Wikipédia était inaccessible. » En plus, Florian a découvert qu’il avait accumulé suffisamment d’images pornographiques dans sa tête pour que ce filtrage devienne inefficace. Ainsi, certaines semaines, il se masturbait tout autant, si ce n’est plus, que lorsqu’il avait accès à du porno. « Je voyais une fille dans la rue et je fantasmais sur elle toute la journée jusqu’à ce que je doive me masturber », dit-il.

Désespérée par l’idée de réduire sa dépendance, la solution est finalement venue au hasard d’une conversation avec sa meilleure amie. Elle lui a concocté un programme NoFap de reboot en mode PMO (pas de porno, de masturbation, ni d’orgasme). La promesse du succès : une cage à pénis qu’il a achetée via Amazon Prime (naturellement).

Pour la plupart, les cages de chasteté sont associées au BDSM. En particulier, les hommes soumis disent que les cages de chasteté sont une expression de loyauté envers leurs partenaires dominants. (Ils les portent en l’honneur de leur domme pendant des semaines et des mois.) Par exemple, Benjamin (un autre pseudonyme), un barista de 23 ans, explique : « Je porte une cage de chasteté pour me rappeler que ma bite appartient à ma domme. C’est elle qui a le contrôle et qui peut décider du moment où elle est déverrouillée. Je veux qu’elle ait un plaisir total à me dominer. » La déesse Clélya, une dominatrice parisienne, ajoute : « Un grand nombre de mes clients veulent être contrôlés par moi, et pas seulement lors de nos sessions. Ils veulent que je leur dise quand ils sont autorisés à se branler ou à bander. »

Aujourd’hui, cependant, un nombre croissant de NoFappers se tournent également vers la chasteté pour freiner leurs habitudes de masturbation. Les utilisateurs des sites de NoFap recommandent aux autres de placer la clé « dans un endroit difficilement accessible, ou de la confier à un partenaire si vous en avez un. » Sur le reddit r/nofap, vous trouverez également une liste de ceintures et de cages de chasteté à prix abordable. « Portez une cage à bite et mettez la clé dans une tasse », a conseillé SpecOpsAlpha, un redditeur. « Remplissez la tasse à moitié [avec de l’eau], placez la clé sur la glace, puis remplissez jusqu’en haut et mettez au congélateur. La clé étant enfouie dans un bloc de glace, vous avez une fenêtre de temps jusqu’à ce que vous puissiez vous libérer. »

Certes, on ne sait pas combien de mecs font ça, mais le sujet se répand sur ces réseaux sociaux. Pour sa part, Florian n’a parlé à personne de sa cage, pas même à ses amis les plus proches. La clé de sa cage de chasteté est consciencieusement conservée par sa complice, sa Coach qui est sa meilleure amie. Son pénis ne sera libéré que lorsque ce sera justifié « Elle est douce, mais intransigeante », dit Florian. « Nous avons établi un contrat entre nous et elle veille malicieusement à ce qu’il soit respecté au mieux.

« Les cages de chasteté sont conçues pour une chose spécifique : verrouiller un pénis. Maintenant, ce que vous en faites ne dépend que de vous », explique Alix, 29 ans, responsable d’une boutique en ligne. Leur site reçoit des centaines de milliers de visiteurs chaque semaine, une statistique qui, selon Alix, « montre l’importance que prend la chasteté masculine dans le monde, non seulement pour des raisons de plaisir sexuel accru, mais aussi pour pointer que les gens repense ce qu’est réellement le plaisir sexuel. »

Alix ajoute : « La majeure partie de nos clients ont entre 18 et 35 ans et ce sont autant de femmes que d’hommes. Certainement parce que les femmes et les hommes s’intéressent à la chasteté masculine et à la façon dont elle peut aider leurs relations, qu’elles soient sexuelles ou non. La chasteté est un domaine tellement vaste cela pourrait révéler qu’il y a un changement dans la façon dont les femmes et les hommes envisagent leur relations. Ça témoigne aussi que les relations changent, que les gens veulent explorer davantage. »

Après s’être procuré une cage de chasteté, sa coach lui a demandé de la porter autant qu’il le pouvait. Elle lui a laissé un mois pour qu’il s’y habitue avant de prendre les clés. Depuis qu’il a commencé son programme de rebooting il y a maintenant un an et demi, Florian dit que cela a eu un effet positif sur sa vie. Il ne consomme plus de porno et ses (rares) masturbations sont réalisées sous le contrôle bienveillant de sa keyholdeuse. Aujourd’hui, la cage l’aide à rester concentré tout au long de sa journée de travail et a amélioré sa routine. « Je fait plus de sport », dit-il en riant. « Et je passe mon temps à faire d’autres choses : cuisiner, lire, apprendre à parler allemand. »

Évidemment, Florian ne s’est pas mis à porter sa cage pendant des mois du jour au lendemain, il nous explique : « Cela s’est fait graduellement, nous avons commencé par 3 jours, puis 4, 6, 8, 11, 15, et enfin 20 jours. » La raison de ce calendrier progressif est de laisser le corps s’adapter et se préparer à ce qui l’attend. En effet, la référence en matière de NoFapping est un programme de reboot de 90 jours. « Nous avons continué avec un cycle de 27 jours, puis 36, 48 et 64 jours. Notre objectif était de finir l’année par Locktober, No-Vember et Deni December », soit un peu plus de 90 jours.

Néanmoins, l’aventure ne s’arrête pas là pour Florian : « Avec l’expérience de la communauté des “NoFappers”, nous avions compris qu’un reboot de 90 jours n’était qu’une étape vers un rétablissement complet. » Avant de lui accorder sa libération après 90 jours, sa coach l’a convaincu de partir sur une année complète. Il a hésité, mais n’a jamais regretté sa décision : « Ça peut sembler dingue, mais pour le comprendre il faut avoir trempé dans le nirvana de la chasteté », garantit-il.

Bien que certains membres de la communauté des “NoFappers” n’approuvent pas l’utilisation de la cage de chasteté masculine, Florian affirme qu’elle lui a fourni le coup de pouce dont il avait tant besoin. « C’est indispensable pour vous forcer physiquement à réinitialiser votre vie. »

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1 COMMENTAIRE

  1. Si je comprend bien, Florian à passer toute l’année enfermé? L’article fait penser que oui, alors qu’en est-il du besoin physiologique du corps spongieux dans notre pénis de s’oxygéner? D’où le reflex primitif d’être en érection une partie de la nuit.
    A t-il toujours des érections puissante comme a l’origine? Qu’en est-il de la taille de son pénis?
    Chacun adopte un agissements en fonction de son but, perso je ne m’y aventurerais pas au delà du mois complet.
    Si vous pouviez éclairer ma lanterne sur les cas cliniques…

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